Aline Reis de Carvalho, doctorante aux IMRCP, a soutenu sa thèse sur la pollution de microplastique dans la Garonne

Aline a réalisé ses recherches dans l’équipe SMODD du laboratoire des IMRCP, en collaboration avec le laboratoire EDB.

Le 27 octobre dernier, elle a soutenu sa thèse intitulée : "Suivi spatio-temporel de la pollution de microplastique dans la Garonne et potentiel transfert dans le réseau trophique"

Il a été estimé que 4 à 13 millions de tonnes de plastique ont été déversées dans les océans en 2010 (Jambeck et al., 2015). Après avoir effectué de nombreuses études dans le milieu marin, ce n’est qu’assez récemment que la communauté scientifique a pris conscience de l’importance de comprendre et d’identifier les origines de cette pollution. L’évaluation du niveau de pollution par le plastique dans les eaux continentales n’a été abordée que récemment (Wagner, 2014). L'objectif général de cette thèse a été de réaliser un suivi spatio-temporel de la pollution de larges microplastiques (taille 700 µm-5 mm) dans le bassin versant de la Garonne ainsi que de la consommation de ces particules par les organismes aquatiques.

Le 1er objectif a été de quantifier les variations spatiales et temporelles des concentrations en microplastiques dans l’eau de la Garonne et dans ses principaux affluents et évaluer les déterminants de cette variation. Nous avons constaté un effet significatif du niveau d'urbanisation sur la concentration de microplastiques, avec une concentration de microplastiques qui augmentait avec le niveau d'urbanisation. La concentration de microplastiques était significativement différente entre campagnes d’échantillonnage avec des concentrations de microplastiques plus fortes dans les périodes chaudes avec une hydrologie faible.

Le 2e objectif a été de comprendre la dynamique de pollution en microplastiques dans l’eau lors d’un épisode de crue et analyser l’impact de l’urbanisation sur cette dynamique. Une augmentation plus importante de la concentration de microplastiques a été observée dans le site en aval pour les deux épisodes de crue monitorés et était due à l’augmentation du débit de la rivière. L'inondation a entraîné une augmentation des particules de polyéthylène et des particules de polystyrène blanches uniquement dans le site en aval. L'urbanisation a régulé la variation de la pollution microplastique dans l'écosystème d'eau douce étudié lors d'un épisode de crue.

Le 3e objectif a été d'analyser la présence potentielle de microplastiques dans les amorces de pêche, potentielles sources de contamination des eaux douces. La pêche récréative, où de nombreux pêcheurs lancent des amorces manufacturées dans les écosystèmes d'eau douce, est une activité répandue avec implications socio-économiques importantes en Europe. Il représente également une voie potentielle des microplastiques dans les eaux douces qui n'ont pas encore été quantifiés. En conséquence, nous avons analysé trois catégories différentes d’amorces de fabrication industrielle (« farine », « bouillettes » et « pellets ») pour leur contamination microplastique (particules de 700 µm à 5 mm). Sur 160 échantillons, 28 microplastiques ont été identifiés dans les farines et bouillettes. Il ainsi révélé que les microplastiques dans les amorces peuvent être introduits accidentellement lors de la fabrication et/ou provenant de matières premières contaminées et peuvent être transférés dans les eaux douces.

Pour le dernier objectif, elle a étudié s’il existe un transfert dans le réseau trophique des microplastiques (macro-invertébrés et poissons) par l’analyse de la relation entre la position trophique des organismes et la contamination en plastique dans leur système digestif. Les premières analyses ont permis de révéler qu’il n'y avait pas de corrélation significative entre la pollution en microplastiques dans l’eau et l’environnement et la contamination en microplastiques des macro-invertébrés et des poissons, respectivement. Les résultats de la contamination en microplastiques et niche trophique des individus, mesurées à l’aide des isotopes stables, indiquent, pour les espèces étudiées, une ingestion principalement directe et accidentelle des microplastiques composés des polymères les plus denses lorsqu‘elles s’alimentent sur le fond des cours d’eau.
 

Faits marquants de la thèse :

 

Félicitations à Aline pour la qualité de ses travaux !

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